Priser du tabac, c'est à dire
renifler une petite quantité de tabac réduite en poudre
à inspiré, sous la régence de Louis XV, de
savants traités enseignant la manière de prendre du
tabac tel "les règles de la bienséance et de la
chrétienneté " mais aussi des traités touchant
à leur exécution.
La prise nécessitait des outils:
la râpe à tabac et la tabatière principalement
mais priser, les gestes pour le faire, ou pour offrir son tabac
relevait d'un art codifié par des gens bien nés qui
transmettaient ce savoir élémentaire à tout
homme de bonne compagnie.
Le geste était d'autant plus
élégant qu'il était maniéré et la
préciosité du rituel reflétant celle de l'objet
et de son propriétaire le "classait" c'est à dire
démontrait son rang en haut de l'échelle sociale des
valeurs et des biens.
Ainsi, dans ses "accessoires et coutumes
du mobilier", l'historien Henri d'Allemagne nous fait part de
"l'exercice de la tabatière":
Pour priser, les gens bien nés
étaient censés donner une tape légère sur
le couvercle, saisir quelques grains du bout de leurs doigts
effilés, esquisser un geste subtil et aspirer la poudre avec
extase.
Le paysan par contre enfonçait le
pouce et l'index dans la tabatière pour en extraire une grosse
pincée de tabac, posait cette dernière sur le dos de la
main gauche et la reniflait bruyamment en se barbouillant le
nez.
De toutes les manières, il
était poli d'offrir une prise à celui avec qui on
buvait, à un voisin ou un ami rencontré...celui qui
offrait, tendait sa tabatière ouverte, dans laquelle
était puisée une pincée de tabac entre le pouce
et l'index avant de renifler une partie dans une narine, une partie
dans l'autre.
La "reniflade" désignait le coup
de pouce sur chaque côté du nez pour faire
pénétrer la bonne dose et faire tomber
l'excédent.
Avec la secouette, le priseur se
servait de sa "tabatière anatomique" en repliant l'avant-bras
droit face à son torse puis il dressait son pouce, ce qui
avait pour effet de former un creux entre les deux tendons
reliés au poignet, creux dans lequel, de sa main gauche il
faisait glisser avec le bec de sa tabatière un peu de tabac
à priser. Il lui fallait ensuite tapoter le bec verseur et
tout l'art consistait à ne pas poudrer son vêtement...Il
ne lui restait ensuite qu'à aspirer le tabac avec chaque
narine.
Informations
recopiées dans le livre "Tabac et sociétés"
l'herbe de tous les maux du musée du tabac de
Bergerac
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Voici la façon de bien priser tel
que décrit dans le magazine "la gazette de Venise" de
1760:
-Prendre la tabatière de la main droite
-La passer dans la gauche
-Taper sur la tabatière
-Ouvrir la tabatière
-Présenter la tabatière
à la compagnie
-Rassembler le tabac dans la
tabatière en la frappant sur le côté
-Prendre une pincée de tabac avec
la main droite
-La tenir entre ses doigts avant de la
porter au nez
-Présenter le tabac au
nez
-Renifler avec justesse des deux
narines
-Ne pas faire vilaine figure
-Serrer la tabatière, refermer le
couvercle
-Eternuer, cracher, souffler avec le nez.