Les différentes formes
Au fil des siècles, les formes
s'assouplissent:
Les premières tabatières
datent de la deuxième moitié du XVIIe siècle.
Elles ont alors souvent une forme de poire. Une petite ouverture au
sommet permet, en secouant, de verser un peu de poudre sur le revers
de la main. On nomme ces tabatières les
"secouettes".
Patois Breton:
A Rennes, en Bretagne, on appelle
Chinchoire "une tabatière en forme de poire dont une des
extrémités a une cheville que l'on ôte pour
mettre le tabac sur la main; cette prise de tabac se nomme
"chinchée"
-On dit "donne moi une
chinchée"-
Extrait des mémoires et
dissertations sur les antiquités nationales et
étrangères. Mémoires sur les langues, dialectes
et patois tant de la france que des autres pays. Par MFA La
Mière de Corvey, Paris 1824.
Exemple de secouette ou
chinchoire, fin XVIIe siècle-début XVIIIe.
Rigoureuses sous Louis XIV
(à godrons, trophées..) elles s'assouplissent sous
Louis XV pour devenir rocaille, rappelant la coquille St Jacques,
ovales, rondes mais le plus souvent rectangulaires.
Tabatière en noyer
époque 1730
Vers 1770, elles ont tendance à
s'ovaliser ou sont en formes de navettes.
Navette de 1780
Enfin, la fin du XVIIIe siècle
voit un retour à la rigueur et à
l' Antique avec des motifs
inspirés de la Grèce (oves, pilastres, entrelacs,
bordures de perles...)
Les décors s'adaptent à
l'évolution des styles: scènes mythologiques, galantes
ou de chasse; portraits en miniatures, natures mortes; fleurs
isolées ou en bouquets; fêtes
champêtres....
Tabatière française
/ émail / 1780
Les tabatières en porcelaine sont
plutôt décorées de "chinoiseries".
Parmi les décors communs à
toutes les époques figurent les caricatures ainsi que les
sujets érotiques: apparents et sans ambiguïtés au
XVIIIe siècle, ils seront dissimulés dans les
doubles-fonds au XIXe.
Tabatière érotique
en céramique sur base d'étain
*
Rare tabatière
Française en bois avec en double fond
une scène érotique
peinte sur ivoire.
La scène érotique
ne peut être découverte qu'en dévissant la partie
inférieure de la tabatière
Titre: "Le retour de chasse
d'Henri IV". Epoque: 1820
Photos: Don
Preston Antiques, Leics/UK
Les principaux matériaux utilisés:
Au début du XIXe siècle,
les inconditionnels de Napoléon Ier adoptent des
tabatières de poche en corne noire, en laiton ou en bois
à l'effigie de leur idole, prenant la forme de son chapeau, ou
en glorifiant ses batailles victorieuses.
*
Bicornes en corne brune et
en laiton
1*2
Photo 1:
www.tabacollector.com ; photo 2: www.desouzy.com
Tabatières en buis avec
emblème et dates et en loupe de thuya et écaille
ornée d'un camée
*
Tabatières en noix de coco
et en corne
Lithographie -
Napoléon prenant une prise
Les nostalgiques de la royauté
quant à eux arborent des modèles en papier
pressé, collé ou séché
représentant un saule pleureur en hommage à Louis XVI
ou les profils de la famille royale. Sur la tabatière de
gauche ci-après on peut également distinguer en effet
d'optique les profils de Louis XVI, de Marie-Antoinette et du Dauphin
-entre le feuillage, le tronc de l'arbre et l'urne
funéraire:
Tabatière ronde à
gravure sédicieuse représentant un saule pleureur en
hommage à Louis XVI.
Photo: livre
Tabac et sociétés "l'herbe de tous les maux"
Musée du
tabac BERGERAC
Sous la restauration (1815-1830) et
Charles X (1824-1830), les tabatières de poches sont le plus
souvent en bois de ronce, de formes rondes et ornées de
portraits ou de scènes dans des tons pastels inpirés
par le romantisme.
Egalement, les bôites à
devises ou avec des initiales entrelacées sont en grande
vogue.
Bois de ronce
A partir de Louis Philippe (1830), le
goût est au pastiche. A côté des décors des
siècles précédents, on trouve des décors
naîfs, souvent personnalisés par un nom, une date ou un
outil de métier. Les scènes de campagne, les travaux
des champs, les motifs grivois, les caricatures sont à
l'honneur.
*
Tabatières en corne
de drapier et de compagnon-charron
Photo
tabatière de drapier: www.folkcollection.com
Les tabatières les plus courantes
sont en bois exotique (gaïac, amourette ou ébène),
en thuya pressé, en buis et en loupe d'arbre fruitier
(cerisier). Mais on trouve également des créations en
cornes de bovin ou de cerfs évidés, en os gravé
(ivoire de morse, dents de cachalot...), en coquillages
cerclés de métal ou en noix de corozo (dit aussi
"ivoire végétale").
*
Tabatières en corne de
cerf et en coquillage porcelaine avec argent
Noix de Corozo finement
sculptée
A tous ces matériaux s'ajoutent
encore la marqueterie de paille, le carton bouilli, le papier
mâché, la corne blonde ou noire incrustée ou non
d'ivoire, l'écaille de tortue, le grès et
l'étain, sans oublier le cuivre.
Exemple de tabatière
Ecossaise dite "mull" travaillée dans la corne même et
réhaussée d'argent.
La laque noire apparaît durant le
second Empire ( 1852-1870) et à la fin du XIXe siècle,
cuir bouilli et noix de coco sculptées ont la cote.
Informations
recopiées dans l'article de Nelly Fouchet "chiner malin/les
tabatières"