De nos jours les tabatières ne sont guère fabriquées qu'en bois précieux, le plus souvent en palissandre du Brésil, bois dur plus ou moins foncé, lisse au toucher et d'une jolie veine .
 
De forme concave avec les extrémités droites, ses dimensions les plus courantes sont 85x45x20 mm.
 
Son décor consiste en un grainage des extrémités au moyen de "coques" et en une incrustation à chaud de maillechort sur le couvercle.
 
Le décor représente généralement des sujets simples tels qu' écussons, trèfles à quatre feuilles, fleurs, scènes de chasse, de sport ou encore tableaux champêtres, le tout réalisé en atelier à l'aide de matrices sur une presse à balancier.
 
Le maillechort est un alliage de zinc, cuivre et nickel qui a la blancheur et la malléabilité de l'argent.
 
Exemple ci-dessous:
 
 
La fabrication d'une telle tabatière nécessite entre 60 à 80 "passes" (travail différent exécuté sur un même objet) selon le modèle.
 
Ainsi, les plateaux de palissandres, vendus au poids, arrivent du port du Havre par transporteurs routiers. Ils sont ensuite débités à la scie circulaire en "ébauchons", tronçons de dimensions calculée en fonction du retrait prévisible au séchage, convenant à la boîte et au couvercle. Les ébauchons sèchent pendant 6 mois, à l'abri du soleil et des courants d'air avant de passer à l'atelier.
 
L'usinage de la boîte commence par "l'OVALISAGE" réalisé à l'aide d'une varlope (plateau vertical muni de couteaux et tournant à 1500 t/mn), l'ébauchon étant maintenu par des griffes et présenté à l'outil de coupe grâce à un support métallique (comportant une forme identique à celle à réaliser) et à des butées.
 
Le "CREUSAGE" est opéré à l'aide d'une mèche spécialement confectionnée à la dimension de la cavité à creuser. L'objet est fixé entre deux jumelles qui se déplacent horizontalement sur un support assurant le positionnement et les limites de la course.
 
Le "DEFONCAGE" qui suit a pour but d'augmenter le volume utile en évidant les côtés longitudinaux de la cavité. Il est également réalisé avec une mèche renflée à l'extrémité fixée au tour; la pièce se mouvant avec un système identique au précédent, comportant levier, guides et butées.
 
Par "l'EQUARISSAGE" on obtient une ouverture rectangulaire par suppression de l'arrondi laissé par la mèche de creusage. L'outil comporte une double fraise de la grosseur d'une pièce de 10cents, tournant à grande vitesse dans un plan horizontal. Cette opération doit être soignée car elle conditionne l'étanchéité de la boîte.
Le couvercle subit également différentes passes pour être bombée.
 
"L'EMBOITAGE" permet d'assembler les deux parties grâce à une charnière de maillechort taillée, pliée et ajustée autour d'une tige avant que "l'AJUSTAGE" ne vienne rendre définitivement solidaire le couvercle et la boîte.
 
Le claquement sec qui clôture l'opération permet de mesurer le degré d'étanchéité du montage qui doit nécessité une certaine pression tout en permettant une ouverture aisée.
 
"PONCAGE", "POLISSAGE" et quelque fois "VERNISSAGE" viennent ensuite donner au bois précieux le lustre qu'une main amie saura apprécier, le décor en maillechort rehaussant l'éclat tout en personnalisant cet objet devenu tabatière.
 
Il convient à présent d'en prendre grand soin et de bien savoir l'ouvrir afin de ne pas abimer la charnière:
 

Ouvrez-moi comme cela !

 

Informations recopiées à partir du catalogue : "Les tabatières dans la collection Alix Poncet".
Catalogue réalisé par les "amis du vieux St-Claude".